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Société

Rencontre avec Modou Moustapha Mbathie, ingénieur automobile chez BMW et visionnaire du développement technologique africain

Alors que l’Afrique s’apprête à relever les défis de la modernisation industrielle, certaines figures émergent avec des projets audacieux et porteurs d’avenir. Modou Moustapha Mbathie, ingénieur en technologie automobile chez

Rencontre avec Modou Moustapha Mbathie, ingénieur automobile chez BMW et visionnaire du développement technologique africain
  • Publishedmai 13, 2025

Alors que l’Afrique s’apprête à relever les défis de la modernisation industrielle, certaines figures émergent avec des projets audacieux et porteurs d’avenir. Modou Moustapha Mbathie, ingénieur en technologie automobile chez BMW fait partie de ces talents qui pensent le futur du continent autrement. À travers une initiative novatrice dans le secteur automobile, il ambitionne de contribuer à la transformation économique de l’Afrique, en particulier dans des pays comme le Gabon, engagé dans une nouvelle dynamique sous la 5e République. Il nous dévoile ici sa vision, ses ambitions et l’impact que pourrait avoir son projet sur le développement gabonais.

Pouvez-vous nous parler du projet automobile que vous développez et en quoi il représente une opportunité pour le continent africain ?

Le projet automobile que nous portons s’articule autour dun concept fort : la Voiture Populaire, une voiture conçue en Afrique, pour l’Afrique. La dénomination du modèle s’adapte naturellement au pays d’accueil du projet. En tant qu’ingénieur en technologie de l’automobile, jai initialement développé le modèle pour le Sénégal baptisé V.P.S « Voiture Populaire Sénégalaise ». Pour le Gabon, il serait tout à fait cohérent et symbolique de proposer la V.P.G « Voiture Populaire Gabonaise ». C’est une manière d’ancrer le projet dans l’identité nationale tout en affirmant une vision industrielle panafricaine.

C´est un véhicule déja conçu et sera fabriqué et assemblé en Afrique, par des Africains, pour répondre aux besoins spécifiques du continent. Ce projet est porté par notre entreprise SAMBA & BIMA ENGINEERING et vise à créer une voiture robuste, économique, adaptée aux routes africaines et alimentée en partie par l’énergie solaire.

Ce projet représente une opportunité majeure pour l’Afrique à plusieurs niveaux :

Industriel : Il s’agit de développer une véritable filière automobile africaine, avec des usines de fabrication, d’assemblage et de composants localement installées. Cela permet de créer de la valeur sur place et de réduire la dépendance aux importations.

Économique : Nous prévoyons la création de dizaines de milliers d’emplois directs et indirects, du design à la distribution. C’est un levier pour l’émergence industrielle et la souveraineté technologique du continent.

Social et environnemental : Le véhicule est conçu pour être accessible à la classe moyenne africaine, avec un coût maîtrisé et des solutions écologiques comme les panneaux solaires. C’est une réponse concrète à la fois aux défis de mobilité et aux enjeux climatiques.

Notre ambition est claire : faire de l’Afrique un acteur crédible de l’industrie automobile mondiale, en misant sur l’innovation locale, la jeunesse et l’excellence.

Comment votre expertise chez BMW vous a-t-elle permis d’adapter ce projet aux réalités et besoins spécifiques de l’Afrique ?

Mon expérience chez BMW, au cœur de l’industrie automobile allemande, ma permis d’acquérir une expertise technique de haut niveau, notamment en ingénierie des systèmes, en processus industriels, en contrôle qualité et en innovation. J’y ai appris la rigueur, la précision, et surtout l’importance dune vision à long terme dans la conception de véhicules.

Mais au-delà de la technologie, cette expérience ma fait comprendre que chaque marché a ses réalités. L’Afrique ne peut pas simplement importer des modèles conçus pour d’autres contextes. Il faut une approche sur mesure. C’est là que mon vécu africain et mon expertise européenne se complètent.

Jai donc transposé les standards d’excellence de BMW à un projet pensé pour l’Afrique : robustesse face aux conditions routières locales, maintenance simplifiée, consommation optimisée, et intégration de sources d’énergie renouvelable comme le solaire.

En résumé, mon passage chez BMW ma donné les outils pour rêver grand mais aussi pour ancrer ce rêve dans une réalité africaine concrète, durable et ambitieuse.

 Selon vous, quels sont les principaux défis à relever pour développer une industrie automobile durable en Afrique ?

Les défis sont nombreux, mais ils sont surmontables si lon adopte une approche structurée et panafricaine. Je les regrouperais en cinq grands axes :

Les infrastructures industrielles :

L’Afrique doit investir dans des zones industrielles adaptées, avec de lénergie fiable, des routes logistiques performantes, et des équipements modernes pour la fabrication et l’assemblage.

La formation et les compétences :

Une industrie automobile durable repose sur un capital humain qualifié. Il est essentiel de développer des écoles techniques, des centres de formation et des partenariats entre les universités africaines et les acteurs industriels.

La chaîne d’approvisionnement locale :

Aujourdhui, beaucoup de pièces sont importées. Il faut structurer un écosystème de fournisseurs locaux : fonderies, plasturgie, textile, électronique, etc. C’est ce qui garantira la viabilité économique à long terme.

Le financement :

L’accès au financement est un obstacle majeur. Il faut mobiliser les États, les banques, les investisseurs privés et les institutions internationales pour soutenir les projets locaux à forte valeur ajoutée.

La volonté politique et l’intégration régionale :

Un cadre réglementaire stable, des incitations fiscales, et surtout une vision panafricaine sont indispensables. Le marché africain ne doit pas être fragmenté ; il faut encourager la libre circulation des produits, des talents et des capitaux.

En résumé, le défi est grand, mais l’Afrique a les ressources humaines, naturelles et intellectuelles pour bâtir une industrie automobile durable, compétitive et résiliente. C’est une question de choix stratégique et de volonté collective. »

 En quoi ce projet peut-il contribuer au développement économique et technologique du Gabon dans le cadre de la 5e République ?

Ce projet automobile peut jouer un rôle structurant dans la transformation économique et technologique du Gabon, en parfaite cohérence avec les ambitions de la 5e République, qui mise sur l’industrialisation, la diversification économique et la souveraineté nationale.

D’un point de vue économique, l’implantation dune chaîne de valeur automobile au Gabon permettrait de créer des milliers d’emplois directs et indirects, de dynamiser les PME locales et de stimuler des secteurs connexes comme la métallurgie, l’électronique, le textile ou encore l’énergie.

Sur le plan technologique, ce projet apporte du transfert de compétences, de l’innovation, et surtout une opportunité de former une nouvelle génération d’ingénieurs, de techniciens et de professionnels hautement qualifiés. C’est un levier puissant pour renforcer les capacités nationales et faire émerger une industrie gabonaise compétitive.

Enfin, ce projet s’inscrit dans une logique d’intégration régionale : le Gabon pourrait devenir un hub de production et de distribution de véhicules pour l’Afrique centrale, tout en affirmant son leadership en matière de transition énergétique et de mobilité durable.

En résumé, ce projet nest pas seulement une initiative industrielle : c’est une vision de développement inclusif, technologique et souverain, parfaitement alignée avec les priorités de la 5e République gabonaise.

Le Gabon dispose-t-il des ressources humaines, matérielles et politiques nécessaires pour accueillir une initiative automobile innovante ?

Oui, le Gabon dispose d’atouts réels pour accueillir une initiative automobile innovante, à condition de les mobiliser de manière stratégique et coordonnée.

Sur le plan des ressources humaines, le pays possède une jeunesse instruite, dynamique et avide de formation et d’opportunités. Avec un accompagnement adapté notamment par la mise en place d’écoles techniques spécialisées, de centres de formation professionnelle et de partenariats internationaux cette jeunesse peut devenir le moteur de l’industrialisation gabonaise.

Du point de vue matériel, le Gabon a déjà une base industrielle dans certains secteurs (minier, bois, énergie) et une capacité logistique en développement avec des ports modernes, des zones économiques spéciales (comme celle de Nkok), ainsi qu’un accès aux ressources naturelles utiles pour certains composants automobiles. Ce sont des bases solides pour bâtir une filière automobile intégrée.

Le sol gabonais regorge de ressources naturelles, notamment en minerai de fer. C’est un avantage stratégique. Avant même de lancer la production de la V.P.G « Voiture Populaire Gabonaise  » , notre projet prévoit la mise en place dune unité industrielle dédiée à la fabrication dacier, en s’appuyant à la fois sur l’exploitation locale des mines de fer et sur le recyclage des matériaux issus des ferrailleurs. Cette démarche permettrait non seulement de créer de la valeur ajoutée localement, mais aussi de renforcer l’autonomie industrielle du Gabon.

Avant d’aborder la question des ressources politiques, permettez-moi tout d’abord d’adresser mes sincères félicitations à Son Excellence, Monsieur Brice Clotaire Oligui Nguema, le Président de la République Gabonaise, pour sa brillante élection, fruit dun processus démocratique salué par tous.

Son élection incarne une volonté populaire forte de changement, de redressement et de développement. Son Excellence est un homme D’état patriote, profondément attaché à la souveraineté de son pays, à la justice sociale et à la prospérité partagée. Sa vision moderne et ambitieuse pour le Gabon ouvre une ère nouvelle, celle dun État rigoureux, équitable et tourné vers l’industrialisation et l’innovation.

C’est dans ce contexte porteur que notre projet trouve tout son sens, en s’inscrivant pleinement dans les priorités de la 5e République : créer de la valeur sur le sol gabonais, pour le peuple gabonais.

Nous croyons que des initiatives industrielles comme la nôtre s’inscrivent pleinement dans cette dynamique de transformation nationale pour faire du Gabon un pionnier de l’innovation automobile en Afrique centrale.

Comment envisagez-vous la collaboration entre acteurs publics, privés et internationaux pour soutenir ce projet sur le sol gabonais ?

La réussite de ce projet repose sur une collaboration tripartite étroite entre les acteurs publics, privés et internationaux. Chacun a un rôle complémentaire à jouer pour créer un écosystème industriel performant, durable et compétitif au Gabon.

Les acteurs publics notamment l’État gabonais doivent jouer un rôle de facilitateur et de stratège. Cela passe par un cadre réglementaire attractif, des incitations fiscales, des investissements dans les infrastructures (énergie, transport, zones industrielles), ainsi qu’un soutien à la formation professionnelle. L’administration peut également accompagner l’intégration régionale pour faciliter l’accès aux marchés de la CEMAC.

Les acteurs privés, qu’ils soient locaux ou panafricains, doivent apporter leur savoir-faire, leur esprit entrepreneurial et leur capacité à innover. Ils seront au cur de la production, de la distribution, de la création d’emplois et de la montée en compétences. Une implication forte des entreprises gabonaises permettra aussi une meilleure appropriation locale de notre projet.

Les partenaires internationaux bailleurs de fonds, investisseurs étrangers, institutions techniques peuvent soutenir le projet par le financement, le transfert de technologie, et l’encadrement stratégique. Ils peuvent également jouer un rôle de catalyseurs pour la mise aux normes internationales des produits et procédés.

Ensemble, ces trois forces peuvent transformer le Gabon en une vitrine de l’industrialisation automobile en Afrique centrale. La clé sera le dialogue, la transparence et une vision partagée à long terme.

 Quel message souhaitez-vous adresser à la jeunesse africaine, notamment gabonaise, qui rêve de participer à la révolution industrielle du continent ?

À la jeunesse africaine, et particulièrement à la jeunesse gabonaise, je veux dire ceci : vous êtes la clé de la révolution industrielle du continent. Pas demain. Aujourdhui.

Vous avez le talent, l’intelligence, la créativité et la capacité d’apprentissage pour bâtir des industries puissantes, innovantes et durables en Afrique.

Soyez ambitieux car nourrir l´ambition dans son cœur, c´est porter un tigre dans ses bras. Je dis souvent qu´on peut tuer le Général d´une armée, mais non l’ambition dans le cœur de l´homme. Je n´ai qu´une seule chose à vous dire : L’Afrique est prête. Elle n’attend que ses bâtisseurs. Ce projet automobile n’est pas seulement un rêve d’ingénieur, c’est une déclaration de confiance en notre continent, en son potentiel, en la jeunesse gabonaise.

Le temps n’est plus à l’observation, mais à l’action. Ensemble, bâtissons l’Afrique industrielle, souveraine et digne que nous voulons léguer aux générations futures.

Alors je vous invite à rêver grand, mais surtout à agir. Formez-vous, entreprenez, osez. Et sachez que des projets comme le nôtre sont là pour vous accueillir, vous accompagner, et bâtir avec vous l’Afrique industrielle de demain.

L’avenir de lAfrique se construira avec sa jeunesse, ou il ne se construira pas. Et moi, je choisis de construire avec vous. »

Mot de la fin

Je tiens à saluer l’engagement et la clairvoyance de Monsieur Oumar Mamadou Mbaye, expert reconnu dans le domaine automobile, qui croit en notre collaboration depuis plusieurs années, forte de notre expérience commune dans l’ingénierie et la technologie.

En sa qualité de conseiller stratégique auprès de Madame la Ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection de l´Enfance, Élodie Diane Fouefoue épouse Sandjoh , Monsieur Mbaye a toujours manifesté une volonté sincère de faire progresser l’industrie automobile en Afrique, et particulièrement au Gabon. Son implication, sa vision et son sens du partenariat ont été des moteurs essentiels pour envisager ensemble un projet industriel ambitieux et structurant pour le pays.

Notre ambition est claire : participer activement au développement industriel du Gabon. Nous croyons en la capacité de ce pays à devenir un pôle industriel majeur en Afrique centrale.

En ce sens, nous nous engageons pleinement à soutenir la vision de Son Excellence, le Président de la République, en apportant humblement notre pierre à l’édifice, à travers un projet structurant, créateur d’emplois, de savoir-faire et de valeur ajoutée locale.

Cette ambition ne peut se réaliser quà travers une collaboration forte et durable avec les institutions nationales, en particulier le Ministère de L’industrie gabonaise, avec qui nous espérons construire un partenariat exemplaire au service du progrès, de l’innovation et de la souveraineté industrielle du Gabon.

 

En somme, À travers son expertise et sa vision résolument tournée vers l’avenir, Modou Moustapha Mbathie incarne cette nouvelle génération d’ingénieurs africains qui croient en la capacité du continent à se doter de solutions technologiques innovantes et durables. Son projet automobile, pensé pour répondre aux réalités africaines ouvre une voie prometteuse pour le Gabon dans le contexte de la 5e République. En misant sur l’industrie, la jeunesse et l’innovation, le pays pourrait devenir un acteur clé de la transformation économique africaine. Le défi est de taille, mais les idées sont là ,  ambitieuses, concrètes, et porteuses d’espoir.

 

Par Wilfried BOUROBOU .

 

 

 

 

 

1 Comment

  • Modou moustapha mbathie chance pour le Gabon

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