Mutation du Rassemblement des Bâtisseurs : vers un appauvrissement du pluralisme politique au Gabon ?
Le paysage politique gabonais va connaître un tournant significatif avec la mutation du Rassemblement des Bâtisseurs en parti politique dans quelques jours. Cette démarche perçue comme un acte de maturité

Le paysage politique gabonais va connaître un tournant significatif avec la mutation du Rassemblement des Bâtisseurs en parti politique dans quelques jours. Cette démarche perçue comme un acte de maturité démocratique par certains, suscite néanmoins de vives inquiétudes sur l’avenir du pluralisme au Gabon dans un contexte déjà fragilisé par la nouvelle architecture constitutionnelle.
Derrière cette transformation se profile une ambition claire : peser dans les prochaines échéances électorales en capitalisant sur un électorat déçu par les formations traditionnelles. Mais si cette dynamique peut séduire par son apparente nouveauté, elle pourrait aussi porter un coup fatal à de nombreuses petites formations politiques déjà affaiblies par le manque de moyens et de représentativité.
La nouvelle Constitution, adoptée par référendum en novembre 2024 encadre désormais de manière stricte la création et le fonctionnement des partis. Pour exister légalement, un parti doit compter au moins 18 000 adhérents répartis sur l’ensemble du territoire, disposer d’un siège social, d’un compte bancaire, et d’une idéologie politique clairement définie. Surtout, chaque parti doit s’inscrire dans l’un des quatre blocs idéologiques fixés par la loi.
Plus encore, pour subsister, un parti devra obtenir au moins cinq sièges au Parlement et trente élus locaux aux prochaines élections. Ces conditions bien qu’ayant pour objectif de rationaliser l’espace politique pourraient provoquer une asphyxie de la diversité politique au profit d’un petit nombre de structures puissantes et bien organisées comme le Rassemblement des Bâtisseurs.
À terme, cette recomposition pourrait instaurer un système politique fermé, où la concurrence idéologique serait étouffée au nom de la stabilité. Si cette mutation marque un tournant, elle soulève surtout une question essentielle : assistons-nous à une modernisation démocratique ou à une recentralisation du pouvoir sous de nouveaux habits ?
Le débat est lancé …
Wilfried BOUROBOU.