Gabon : Le Nouveau Gouvernement , entre stratégie et préoccupations économiques
Le 15 janvier 2025, le Gabon a accueilli son nouveau gouvernement sous la houlette de Raymond Ndong Sima, désormais à la tête d’une équipe étendue de 35 membres, contre 31

Le 15 janvier 2025, le Gabon a accueilli son nouveau gouvernement sous la houlette de Raymond Ndong Sima, désormais à la tête d’une équipe étendue de 35 membres, contre 31 dans le précédent . Parmi les changements notables, 6 ministres sortants ont été remplacés, 10 nouveaux entrants ont été désignés et 3 ministres ont vu leurs attributions modifiées. Un gouvernement élargi à l’heure de la transition, une décision qui suscite à la fois des interrogations et des espoirs au regard du contexte économique difficile que traverse actuellement le pays.
L’extension du gouvernement de Ndong Sima interroge, surtout dans un contexte économique marqué par des déficits budgétaires persistants, une dette publique en hausse et une économie en quête de diversification. Le Gabon, riche en ressources naturelles mais doit faire face à des défis majeurs pour se redresser après plusieurs années de stagnation. La question qui se pose légitimement est celle de savoir si l’agrandissement du gouvernement est véritablement la réponse aux besoins actuels du pays, ou s’il traduit une gestion étatique dispersée, coûteuse et difficilement justifiable dans un environnement économique tendu.
Si l’on observe cette réorganisation sous l’angle de la transition politique, on peut y voir une volonté de refléter la diversité de la société gabonaise et de répartir les responsabilités pour mieux gérer les transitions successives. Le nombre élevé de ministres, avec une parité relativement équilibrée de 24 hommes et 11 femmes, peut être interprété comme un geste symbolique de réformes en matière d’inclusivité. Cependant, l’interrogation demeure : une équipe gouvernementale aussi élargie est-elle vraiment en mesure de répondre efficacement aux enjeux économiques du pays, ou risquent-ils de se disperser dans une gestion à la fois complexe et coûteuse ?
À première vue, l’agrandissement du gouvernement semble se justifier par la volonté de renforcer la représentation et d’inclure plus de secteurs stratégiques dans la gestion du pays, notamment dans le cadre d’une transition politique censée apporter une nouvelle direction après des années de tensions internes. L’inclusion de nouveaux ministres et la réorganisation de certains portefeuilles peuvent être perçues comme une tentative d’optimiser les actions gouvernementales dans des domaines spécifiques, voire d’améliorer la réactivité de l’exécutif face à des défis internes comme la pauvreté, le chômage et la faible diversification économique, la culture et les arts,mais aussi le sport.
Cependant, une telle stratégie présente aussi des risques. Dans un environnement marqué par la rareté des ressources publiques, l’augmentation du nombre de ministres pourrait entraîner des dépenses supplémentaires en termes de rémunération et de gestion administrative, ce qui pourrait mettre à mal les efforts de rationalisation des finances publiques. D’autant plus que le pays continue de lutter contre des déficits budgétaires croissants et une dette publique qui ne cesse de grimper.
Si le gouvernement de Raymond Ndong Sima semble avoir opté pour une gouvernance plus inclusive, son succès sera en grande partie déterminé par la capacité de l’exécutif à relever les défis économiques du pays. Le Gabon fait face à une économie fortement dépendante du pétrole, une situation qui l’a rendu particulièrement vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux du brut. Face à cette dépendance, la nécessité de diversifier l’économie gabonaise se fait de plus en plus pressante. L’agriculture, le secteur des services, le numérique, et la transition énergétique sont autant de secteurs dans lesquels le gouvernement devra investir et apporter des réformes profondes pour assurer un avenir durable au pays.
Les premiers signes de cette transition économique doivent se traduire par des actions concrètes. Toutefois, dans un contexte de crise économique mondiale, avec des prix de matières premières qui ne sont jamais garantis, et une transition politique complexe, la capacité du nouveau gouvernement à équilibrer ces priorités sans aggraver la situation économique sera scrutée de près.
Le Nouveau Gouvernement Ndong Sima se veut résolument tourné vers l’avenir, avec une équipe élargie et une volonté affichée de répondre aux défis de la transition.Si l’agrandissement du gouvernement peut être perçu comme une réponse à la nécessité de gouverner de manière plus inclusive et efficace, il ne doit pas se transformer en un alibi pour une gestion étatique moins rigoureuse.Dans un contexte où le Gabon peine à se relever économiquement, l’élargissement du gouvernement doit impérativement s’accompagner d’une vision claire et d’une gestion prudente des ressources publiques.À défaut, les réformes et les changements annoncés risquent de n’être qu’un mirage dans un désert économique en pleine expansion.
Wilfried BOUROBOU