La crise qui secoue la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS) du Gabon est un symbole inquiétant de la fragilité du système de santé du pays et de la mauvaise gestion de la solidarité publique. Depuis quelques jours, la situation a pris une tournure dramatique avec la décision du syndicat des pharmaciens du Gabon de suspendre la fourniture de médicaments aux assurés sociaux, invoquant des impayés colossaux. L’ardoise de la CNAMGS s’élève à plusieurs milliards de francs CFA, une dette abyssale qui fragilise davantage un système déjà en difficulté.
La Mission de la Nouvelle Directrice Générale de la CNAMGS, fraîchement nommée il y a quelques jours, est d’autant plus lourde qu’elle doit non seulement trouver des solutions immédiates pour apaiser les tensions, mais aussi redresser la caisse pour garantir l’accès aux soins pour les millions de Gabonais assurés.
La question qui se pose aujourd’hui est simple mais percutante : Comment se fait-il qu’une institution censée être la garante de la couverture sociale des fonctionnaires, financée par des prélèvements mensuels sur les salaires, se trouve dans une telle impasse financière ? Chaque fin du mois, les agents publics voient une partie de leur salaire prélevée, censée alimenter cette caisse, mais le Gabon semble incapable d’honorer ses engagements envers ses partenaires, notamment les pharmaciens, les hôpitaux et les professionnels de santé. Où va donc cet argent ?
Les fonctionnaires gabonais, qui contribuent régulièrement à la CNAMGS, se retrouvent aujourd’hui victimes d’une situation dont ils sont pourtant les premiers contributeurs. Les impayés, les retards et les déficiences de gestion semblent devenir une norme dans un secteur censé être le moteur de la solidarité sociale. Alors, pourquoi cet argent ne parvient-il pas à être réinvesti dans les soins de santé, dans la prise en charge des assurés ? L’une des hypothèses avancées est celle d’une mauvaise gestion des fonds, combinée à des choix politiques douteux. Certains évoquent aussi une mise en place insuffisante des mécanismes de contrôle et de régulation qui auraient pu éviter cette crise financière.
La situation actuelle est d’autant plus paradoxale qu’elle frappe de plein fouet les citoyens qui, dans l’idéal, devraient bénéficier d’un accès facilité aux soins grâce à leur affiliation à la CNAMGS. Le risque est donc grand : cette crise pourrait mener à un affaiblissement de la confiance des Gabonais dans le système de sécurité sociale, un système sur lequel reposent de nombreuses familles.
La nouvelle directrice générale, se retrouve dans une position de grande responsabilité. Elle devra redresser la barque de la CNAMGS dans les plus brefs délais. Ce redressement passera certainement par la révision des priorités de financement, la mise en place d’un contrôle rigoureux des dépenses, et la recherche de nouvelles solutions pour alléger la dette de la caisse. Mais une question demeure : comment réconcilier cette urgence avec le besoin de préserver la qualité des soins pour les assurés, tout en assurant la viabilité financière de l’institution à long terme ?
Il est évident qu’un travail de grande envergure attend la nouvelle dirigeante. Mais l’heure est à l’action. Les Gabonais attendent des réponses et des actes concrets. La situation actuelle n’est pas une fatalité ; elle est le résultat de choix politiques et administratifs qu’il est possible de corriger. Le redressement de la CNAMGS devra donc passer par une réforme profonde de la gestion des ressources et une plus grande transparence sur l’utilisation des fonds publics. Les Gabonais méritent mieux qu’une promesse de soins non réalisés. Ils méritent une caisse de solidarité forte, fiable et capable de répondre à leurs attentes.
Après la levée de la grève du syndicat des pharmaciens du Gabon , et le retour à la normale dès ce lundi 06 Janvier 2025 après une réunion urgente convoquée par le Président de la République Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA , La balle est désormais dans le camp de la nouvelle direction.
Wilfried BOUROBOU