Le concert du 7 décembre dernier, intitulé « Entre nous Show », organisé au Palais des Sports de Libreville, n’a pas rencontré le succès espéré aux yeux des observateurs de la culture urbaine . Malgré une forte implantation de la musique Ntcham dans la culture gabonaise, l’événement a été marqué par des gradins désespérément vides et des organisateurs désemparés. Ce constat amer appelle à une réflexion sur les raisons sous-jacentes de cette problématique, tant au niveau de l’organisation que des attentes mal anticipées vis-à-vis du public cible.
Le Montant du Ticket : Un LUXE Inaccessible
Bien que les prix des billets aient été ajustés, ils restaient encore trop élevés pour une grande partie du public cible, essentiellement constitué de jeunes issus de milieux modestes. Pour ces jeunes, souvent encore scolarisés ou en début de carrière, un concert en direct est un luxe. La réalité économique de ces derniers, conjuguée à un pouvoir d’achat limité, ne leur permet pas d’investir dans ce type d’événements. En conséquence, ils privilégient les contenus gratuits en ligne, notamment sur les réseaux sociaux.
L’Engouement Virtuel
Si les jeunes fans de Ntcham sont extrêmement actifs sur les réseaux sociaux, consommant gratuitement les morceaux et vidéos des artistes, ce phénomène ne se traduit pas en une volonté de se déplacer pour assister à des concerts physiques. Ce manque d’implication réelle et tangible dans la scène musicale se reflète dans l’écart entre la popularité virtuelle de l’artiste et l’absence de soutien en présentiel. Les « fans virtuels », réactifs uniquement derrière leurs écrans, semblent avoir du mal à franchir le pas du réel, une tendance exacerbée par une certaine habitude à consommer la musique de manière numérique et gratuite.
Une Communication Défaillante : Le Manque d’Implication des Artistes
Un autre facteur déterminant de ce flop réside dans le manque de communication autour de l’événement. Les artistes eux-mêmes, souvent trop distants dans la promotion de leurs événements, ont négligé de susciter l’enthousiasme et de convaincre leurs fans de l’importance de l’événement. Une campagne de communication plus engagée, à la fois sur les réseaux sociaux et via d’autres canaux plus traditionnels, aurait pu donner un autre ton à l’événement. De plus, une implication plus forte des artistes dans la promotion de leurs concerts aurait pu susciter une réelle mobilisation de leur fanbase.
Flop ou Top …, Mais Des Enseignements à Retenir
« Entre nous Show », doit être plutôt un signal fort sur la nécessité de mieux comprendre les spécificités du public cible. L’événement a mis en lumière des défis organisationnels majeurs, qu’il s’agisse du prix des billets ou de l’implication limitée des artistes dans la promotion de l’événement. Pour l’avenir, l’organisation de concerts hybrides, combinant formats physiques et numériques, pourrait être une solution viable. Mieux comprendre les attentes des jeunes, leur comportement de consommation numérique et les difficultés économiques auxquelles ils sont confrontés permettra à la scène musicale gabonaise d’évoluer et de s’adapter aux nouveaux enjeux de son public.
JM