Samedi 16 Novembre 2024, les Gabonais ont répondu présents à l’appel des urnes pour se prononcer sur le Référendum Constitutionnel historique. Mais au-delà des premiers chiffres positifs rendus publics par le ministère de l’Intérieur, ce scrutin marque également le début d’une phase de réformes lourdes et d’une transition qui, si elle est porteuse de promesses, ne sera pas sans défis.
Le taux de participation de 53,54 % est un signe fort. En un seul chiffre, il traduit la mobilisation des citoyens, qui, après des décennies de gouvernance centralisée, aspirent à des changements profonds dans la structuration de leurs institutions politiques. Ce chiffre témoigne de la prise de conscience collective, mais aussi de l’espoir qu’un changement constitutionnel peut offrir : plus de transparence, de décentralisation et de démocratie. Dans un pays où les mouvements populaires se sont intensifiés ces dernières années, cette réponse des électeurs est sans appel : il est temps de redéfinir les bases du contrat social et de renforcer les mécanismes de contrôle démocratique.
Si les données publiées semblent indiquer un soutien massif à la réforme proposée, il est nécessaire de tempérer cet enthousiasme en prenant en compte la complexité du processus de transition politique. La révision de la Constitution, qui vise à renforcer l’équilibre des pouvoirs, notamment avec une attention particulière accordée à l’autonomie des institutions et à la limitation du pouvoir exécutif, représente un pari audacieux dans un contexte où le pays reste encore marqué par une concentration excessive des pouvoirs.
Le président actuel, qui a mené cette réforme, devra désormais convaincre non seulement les Gabonais, mais aussi les acteurs politiques, de la sincérité de sa volonté de réforme. Dans un pays où les tensions sociopolitiques n’ont cessé de croître ces dernières années, la véritable question est de savoir si cette réforme sera véritablement mise en œuvre avec toute l’équité et la transparence nécessaires pour éviter toute dérive autoritaire ou retour en arrière.
Le taux de participation légèrement au dessus de la moyenne est aussi un indicateur qu’une partie de la population reste attachée à la stabilité et à l’intégrité des processus démocratiques, mais il est aussi un rappel que la légitimité d’une réforme ne repose pas uniquement sur les urnes. La mise en œuvre des nouvelles dispositions de la Constitution devra répondre à des exigences très précises : l’instauration de mécanismes de contrôle efficaces, l’indépendance de la justice, le respect des droits fondamentaux et une décentralisation effective qui permettra de renforcer la confiance des citoyens dans leurs institutions locales.
Dans cette perspective, le rôle de l’opposition et de la société civile sera déterminant. L’appel à une « vigilance citoyenne » reste plus que jamais d’actualité, car la route vers un Gabon véritablement démocratique est encore semée d’embûches. La transparence dans la gestion des réformes et dans l’adoption des nouvelles lois sera déterminante pour apaiser les craintes de manipulation du système en faveur de certaines élites.
Le Gabon se trouve à un tournant décisif de son histoire politique. Il faudra, dans les semaines et mois à venir, continuer à bâtir un consensus national autour des changements constitutionnels. L’enjeu principal sera celui de l’unité nationale : comment faire en sorte que les réformes, bien que perçues comme positives par une grande majorité, soient inclusives et respectent les aspirations de toutes les forces politiques et de toutes les franges de la société gabonaise ? Si ce référendum marque une première étape encourageante, l’avenir des réformes sera fonction de la capacité des dirigeants à gouverner en concertation, avec une attention particulière à la justice sociale et à la représentation équitable de toutes les communautés du pays.
Le référendum constitutionnel de 2024, en dépit de son caractère historique, ne doit pas être vu comme une fin en soi, mais comme le début d’un processus de redéfinition institutionnelle pour le Gabon. Le défi maintenant est de concrétiser cette dynamique de changement en actions tangibles et durables. Un challenge de taille, mais un défi à relever si le Gabon souhaite véritablement s’engager sur la voie de la démocratie, de la transparence et de l’équité.
WB.